Estate History

Chez les Dietrich, tout commence à Dambach-la-Ville, en 1620.

Cette date, gravée dans la pierre de la vieille cave, c’est un peu notre acte de naissance. La maison a été reconstruite plusieurs fois depuis, mais la cave, elle, n’a jamais bougé. C’est le cœur battant de la famille – quatre siècles d’histoire sous les voûtes.

Pendant longtemps, on vivait ici de polyculture.

Quelques vaches, des chevaux, des poules dans la cour, des lapins, des cochons… et bien sûr, un peu de vigne. Le vin, à l’époque, c’était juste un petit plus, “un peu de beurre dans les épinards” comme disait mon père. On le vendait en fût, souvent envoyé sur le Rhin vers le nord de l’Europe – là où il n’y avait pas de vignes, mais beaucoup d’amateurs.

De génération en génération, les parcelles se sont divisées, partagées entre frères et sœurs, jusqu’à devenir de petits morceaux de terre – parfois quelques ares à peine. C’est ainsi que les grands crus se sont morcelés, mais chaque bout de vigne gardait son âme.

Mon père, dans les années 1960, a décidé de se consacrer entièrement au vin.

À cette époque, il n’y avait pas encore de supermarchés ni de grandes distributions. Les gens venaient directement à la cave, goûtaient, discutaient, repartaient le coffre plein. C’était simple, humain, et ça faisait vivre le village. Pendant les vendanges, les amis, les voisins, tout le monde venait donner un coup de main. On chantait, on riait, on faisait la fête. Dix jours de travail et de convivialité, qui laissaient de beaux souvenirs et quelques bonnes bouteilles. 

Mais l’histoire de la famille, c’est aussi celle des voyages et des retours.

Au début du XXᵉ siècle, certains sont partis tenter leur chance en Amérique. L’un d’eux est revenu, mais ses frères et sœurs sont restés là-bas, au Canada et aux États-Unis. On est même allés leur rendre visite en 1989 – ils avaient presque cent ans, et leur seul regret, c’était de ne jamais être revenus en Alsace.

Du côté maternel, la vigne était aussi dans le sang. Mon grand-père tenait un restaurant au village. Il servait son propre vin à table et, paraît-il, il aimait autant les bons repas que les belles voitures. Il était le premier du village à en avoir une – avant même le médecin ! Un bon vivant, un vrai.

Et puis, les années ont passé. En 1990, c’est à mon tour de reprendre le flambeau.

À la base, ce n’était pas prévu pour durer : dix ans, le temps de s’occuper des enfants, avant de repartir sur la route. Mais une fois qu’on a remis les mains dans la terre, qu’on a senti les saisons, qu’on a vu le raisin mûrir… impossible de s’en détacher. C’est devenu un projet de vie.

Les surfaces ont grandi, grâce à la confiance des anciens qui nous ont transmis leurs vignes, et le domaine a pris son envol. Aujourd’hui, le domaine est géré par mes fils: Jean et Pierre.
Et tout ce que nous faisons, c’est dans cet esprit : respect du vivant, transmission et sincérité.

Yves Dietrich.

Ici, au Domaine Achillée, chaque bouteille raconte un peu cette histoire : celle d’une famille qui a toujours su garder les pieds sur terre… et un verre à la main.